Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Infos vaccins

Par  • Le 9 février 2009 à 7:27 • Catégorie : News, Réfléchir

doug-ross Je dois vous dire que j’ai un peu tergiversé avant de faire ce billet. Et j’hésite encore à fermer les commentaires qui s’y rapportent, parce que j’ai l’impression qu’il est vite impossible d’avoir une discussion constructive sur le sujet. Donc je vais essayer de vous rapporter ici un certain nombre de faits portés à ma connaissance par le grand internet mondia. J’utilise des sources aussi fiables et factuelles que possible (que je cite) ; même si la plupart des infos me sont venues par Strollerderby, j’essaie ensuite de retrouver la source initiale pour limiter la perte en ligne et l’effet téléphone arabe. Enfin je le dis clairement : je pense que la vaccination de façon générale est un progrès dont les bénéfices surpassent largement les inconvénients, même si bien sûr la balance risques-bénéfices doit être étudiée au cas par cas (en particulier pour les personnes potentiellement vulnérables).

Tout d’abord je vous signale qu’Allo docteurs (France 5) a consacré une émission sur le sujet mercredi 4 février sur le sujet des vaccins et plus particulièrement de la rougeole, suite à l’actualité douloureuse récente. Je ne sais pas combien de temps elle restera en ligne ici donc si ça vous intéresse filez voir. J’ai trouvé l’émission pas trop mal faite, même s’il y avait quelques boulettes (par exemple le BCG n’est pas obligatoire en France). Il est notamment rappelé l’intérêt d’injecter jusqu’à six vaccins simultanément : il ne faut pas confondre maladie et présentation d’antigène (dont nous subissons plusieurs centaines par jour sans évidemment développer toujours des symptômes significatifs), on ne peut pas dire que ça correspond à attrapper plusieurs maladies à la fois. Il est également dit que l’allergie à l’œuf n’est une contre-indication que pour les vaccins contre la grippe et la fièvre jaune.

Ensuite on entend remettre en question l’efficacité de la vaccination, mais une étude récente du New England Journal of Medicine (dont vous trouverez le résumé ici) montre qu’au moins le Prevenar (contre les méningites à pneumocoques) fonctionne. Son introduction aux Etats-Unis a permis une chute de la prévalence de la maladie de 69% chez les moins de deux ans (qui sont les plus à risque), ainsi qu’une diminution de 35% des souches résistant aux antibiotiques.

Concernant l’intérêt d’une couverture vaccinale généralisée pour protéger les quelques cas chez qui la vaccination est inefficace et ceux qui ne peuvent la recevoir : un bébé est mort de la méningite à Haemophilus influenza b (le vaccin est généralement couplé avec diphtérie, coqueluche, tétanos et polyomélite) dans le Minnesota. Il était trop jeune pour avoir reçu l’ensemble des injections et a fait partie des cinq enfants touchés dont trois n’avaient pas été vaccinés. Malheureusement la décision de vacciner ou pas peut avoir des répercussions hors de sa famille. Et ce point n’est pas une contradiction du précédent : aucun vaccin, aucun traitement n’est fiable à 100%. Il y a et il y aura toujours des personnes vaccinées qui développeront quand même la maladie, mais elles peuvent être protégées par la vaccination des autres.

En Suisse, on observe une recrudescence de la rougeole, particulièrement dans des écoles Steiner (voir ici et ici) qui rassemblent beaucoup de familles anti-vaccination (sans compter une fâcheuse tendance à ne pas déclarer les cas, ce qui permet une propagation de l’épidémie). Il est en outre probable (vu le coût des écoles Steiner et leur philosophie générale) qu’il s’agit d’enfants vivant dans de (très) bonnes conditions, donc pas particulièrement fragiles. Je ne dirai rien sur les parents qui tentent volontairement de faire attrapper la rougeole à leurs enfants…

Une étude récente publiée dans Pediatrics (voir le résumé ici) montrent les résultats de deux groupes d’enfants ayant reçu des doses différentes de thimérosal et soumis à une batterie de tests psychomoteurs. On trouve une légère tendance à des scores inférieurs dans le groupe exposé à la plus forte dose, tendance attribuée au hasard par les auteurs. Un seul cas d’autisme a été observé et ce dans le groupe ayant reçu la plus faible dose de thimérosal. Cet article a entraîné la publication de deux lettres, chacun des auteurs déclarant comme conflit d’intérêt être père d’un enfant autiste. L’une d’elles pointe notamment les nombreuses limites de l’étude (pas de groupe témoin n’ayant pas reçu de thimérosal, doses non représentatives d’autres pays -comme les USA-, la façon dont les enfants ont été recrutés pour l’étude…) et remet en question la possibilité d’en tirer des conclusions -dans un sens comme dans l’autre. Je n’ai pas vu le texte intégral de l’étude ni ne connais les tests effectués, donc je reste dubitative.

Et le plus croustillant pour la fin : le Times révèle que le Dr Andrew Wakefield, auteur de l’étude ayant jeté la suspicion de lien entre autisme et vaccin ROR (MMR en anglais : Measles = rougeole, Mumps = oreillons et Rubella = rubéole), a falsifié les résultats à l’origine de l’étude, sans compter un magnifique conflit d’intérêt. En même temps qu’il préparait l’étude controversée publiée dans le Lancet, il était payé une coquette somme par les avocats préparant une action contre les fabricants du ROR (ce qu’il s’était apparemment gardé de signaler à l’époque). Le Lancet signale que si ces faits avaient été connus à l’époque, l’étude n’aurait pas été acceptée.

(Photo : Pour changer un peu aujourd’hui c’est Doug qui s’occupe de vous détendre pour cet article à caractère hautement anxiogène.)

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