Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Silence on vaccine

Par  • Le 10 décembre 2008 à 10:41 • Catégorie : News, Réfléchir, Soins

Hier soir, n’écoutant que mon dévouement entier à mes lecteurs adorés, j’ai regardé Silence on vaccine sur France 5 au lieu de découvrir le dernier Desperate housewives. J’espère que vous mesurez l’ampleur du sacrifice. D’autant plus que, comme je vous l’avais déjà révélé il y a quelques temps, je ne suis pas du tout dans la tendance anti-vaccin. Je dois dire qu’en médecine j’ai une conception plutôt « traditionnelle » : par exemple ce n’est pas chez moi que vous trouverez de l’homéopathie, parce qu’entre le principe de la chose (la mémoire de l’eau… hem hem) et l’absence de preuve d’une efficacité supérieure au placebo, je ne vois pas trop l’intérêt. Une fois qu’on sait que c’est un placebo -et je précise que le placebo est un effet tout à fait significatif, y compris sur les enfants et les animaux-, ben ça ne marche plus du tout. Globalement il me semble que si un remède n’a aucun effet secondaire, c’est qu’il n’a pas d’effet (autre que placebo) du tout. Bien joué la Poule, tu viens de perdre (au moins) la moitié de ton lectorat. Bon je ne rejette pas toutes les médecines alternatives : j’ai observé sur ma personne (prête à tout je vous dis) les effets de l’ostéopathie par exemple, et il m’arrive d’utiliser des huiles essentielles (de toute façon une grande partie de notre pharmacopée dite allopathique est constituée de molécules synthétisées les plantes). Euh, il reste du monde ?

Arrêtons-là le massacre et parlons du documentaire en question. Alternant témoignages de victimes (présumées ou prouvées -la preuve étant extrêmement difficile à apporter dans ces cas-là), de chercheurs et de militants, c’est une charge virulente contre la vaccination, qui fera frissonner même les moins hypocondriaques. Tour à tour sont abordés les problèmes du thimérosal (conservateur à base de mercure), de l’hydroxyde d’aluminium, des prédispositions à certaines complications, de la difficulté à obtenir des compensations pour les victimes, ou encore des lobbies pharmaceutiques.

Globalement je partage l’avis de Télérama sur ce documentaire : il soulève de vrais problèmes mais le parti pris est tel que ça affaiblit considérablement l’argumentation proposée. Sur une question aussi complexe, une telle absence de nuance est assez catastrophique pour la crédibilité globale : tous ces points font l’objet de débats au sein de la communauté scientifique (voir par exemple ici la position de la Santé publique québecoise sur le thimérosal ou encore d’autres arguments), il aurait été bien plus intéressant de retranscrire ce débat et cette incertitude en montrant une palette de positions. Ceux qui étaient déjà persuadés que la vaccination est dangereuse seront confortés dans leur position et les autres (comme votre dévouée Poule) resteront sceptiques. Bref ça ne fait pas avancer le schmilblick. C’est bien dommage car certaines questions mériteraient vraiment plus d’attention. J’ai bien aimé une des dernières interventions (le Pr Gherardi il me semble) qui soulignait que sans remettre en cause l’intérêt et le bénéfice des vaccins, on pouvait quand même se pencher sur les complications entraînées, et d’une part améliorer la détection des individus à risque, et d’autre part la prise en charge de ceux déjà touchés. Il ne me semble pas non plus insurmontable de lancer des recherches pour voir si on ne pourrait pas remplacer thimérosal et aluminium par d’autres substances moins controversées. Et il est clair qu’on a encore du chemin à faire pour émanciper totalement la décision publique du poids de l’industrie pharmaceutique.

Pour mémoire, l’intérêt d’un vaccin est déterminé en comparant le nombre de complications dues à la maladie si personne n’était vacciné au nombre de complications dues au vaccin. On pourrait probablement (et on devrait !) travailler à réduire ce nombre de complications (notamment en identifiant mieux les personnes à risque). Rappelons aussi qu’une couverture vaccinale importante permet de protéger également ceux qui ne peuvent pas être vaccinés. Et qu’enfin aucun vaccin n’est fiable à 100% et que le fait que des personnes vaccinées tombent malades n’est donc pas une démonstration de l’inutilité du vaccin : ce qu’il faut comparer c’est la proportion de personnes qui tombe malade parmi les vaccinés et à celle parmi les non vaccinés (et à condition que la taille de ces deux populations soit comparable). Tout est expliqué par l’OMS ici : Six idées fausses courantes sur la vaccination.

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