Trop de césarisées

C’est le JDD qui reprend une étude de la Fédération Hospitalière de France (FHF, pas trouvé l’étude sur leur site), avec ces résultats : le taux de césariennes a doublé en un peu plus de 20 ans (de 10,9% en 1981 à 20,1% en 2007). Cela veut dire qu’actuellement un bébé sur cinq naît par césarienne. Or si cette opération s’avère vitale dans certains cas, il est clair qu’elle n’est pas dénuée de risques, tant pour la mère (mortalité 3,5 fois supérieure à la voie basse) que pour l’enfant (risque de fragilité pulmonaire accru, entre autres). L’OMS, cet empêcheur de jouer du bistouri tranquille, préconise un taux de 15%. D’après le JDD, les raisons avancées de cette popularité de la césarienne sont les suivantes :

  • Optimisation de l‘organisation et du budget des services en programmant des césariennes quand le personnel est disponible
  • Augmentation des grossesses tardives et multiples qui sont statistiquement plus sujettes à complications
  • Crainte des poursuites judiciaires : un obstétricien sera poursuivi pour n’avoir pas fait la césarienne à temps, mais jamais pour avoir fait une césarienne injustifiée
  • Publication de l’étude Hannah (2000) montrant que la césarienne était moins risquée pour l’enfant que la voie basse en cas de présentation en siège, même si son interprétation porte à controverse (y compris par le CNGOF)
  • Hausse de la demande de césariennes de convenance

Pour ce dernier point, rappelons que la césarienne est une intervention chirurgicale, donc autant sur le coup c’est bien plus rapide et indolore qu’une voie basse, autant ça se paie ensuite pour les suites de couches.

Un autre point intéressant de cette étude est le top 100 du taux de césariennes par maternité, au sein duquel prédominent largement les cliniques privées de niveau 1. La palme (le César ?) revient à la clinique de la Muette avec un beau 43,3 %. En moyenne, le taux de césariennes est supérieur d’un point dans les maternités privées de niveau 1 à celui des maternités de niveau 3, toutes publiques et supposées accueillir les cas les plus pathologiques (même s’il y a toujours des surprises). J’avais déjà expliqué ici que privilégier une petite clinique à un gros hôpital n’était pas toujours une stratégie gagnante si on voulait un accouchement aussi physiologique que possible (même si bien sûr il s’agit d’une tendance globale à laquelle existent de nombreuses exceptions).

Les cliniques visées se défendent par les arguments suivants :

  • La césarienne n’est pas avantageuse financièrement (seulement 347 €).
  • Ce sont les femmes qui leur demandent des césariennes de convenance.
  • L’étude ne prend pas en compte le nombre d’accouchements, ce qui introduit un biais statistique (argument réfuté par la FHF).
  • Le taux de césarienne n’est pas un bon indicateur de la qualité des soins.

Tout ceci est fort intéressant, mais on peut regretter que comme souvent, l’article suppose qu’on ne peut accoucher qu’en maternité, ce qui n’est pas (tout à fait) le cas. Comme déjà évoqué ici, on peut accoucher :

  • en maternité
  • en maternité mais avec une sage-femme libérale ayant accès au plateau technique dans le cadre de l‘accompagnement global
  • en maison de naissance (si on n’habite pas en France ou alors près des frontières du Nord-Est)
  • à la maison avec une sage-femme libérale
  • à la maison sans assistance médicale (même si ça n’est pas recommandé, je ne crois pas que ce soit illégal)

Malheureusement, en France tout est fait pour orienter les couples vers la première option et pour décourager les autres possibilités ; d’ailleurs je vous rappelle que vous pouvez faire quelque chose (pour le moment j’ai eu une réponse convenue de l’Ordre des sages-femmes et pas un mot ni de Roselyne, ni du directeur de l’AP-HP, et pas plus de mon député, à qui j’avais envoyé une copie). Attention, il ne s’agit pas de stigmatiser les maternités ou les mères qui y accouchent (comme la Poule pondeuse par exemple), mais encore une fois d’offrir un vrai choix aux futurs parents. Il me semble en tout cas que ça pourrait être une bonne piste pour réduire un peu ce taux : ça n’empêchera pas les femmes de demander des césariennes de convenance mais ça devrait au moins diminuer la part due à l’optimisation du fonctionnement des services.

Si vous avez ou devez accoucher par césarienne, ce billet n’est pas là pour vous culpabiliser non plus : bien sûr qu’il y a un nombre non négligeable de cas où l’opération est incontournable, et heureusement qu’elle existe. A la maternité où j’ai accouché, ils recommandaient de prendre le rendez-vous des six semaines après la naissance avec l’obstétricien qui a pratiqué l’opération, afin de pouvoir lui poser toutes vos questions et de « refaire le film » ensemble. Et si vous ne le vivez pas bien, j’ai entendu beaucoup de bien de l’association Césarine. Peut-être certaines commentatrices qui sont passées par là pourront nous en dire plus ?

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20 Responses to “Trop de césarisées”

  1. Suzie dit :

    Bonjour,
    personnellement, je ne comprends pas comment on peut demander une césarienne de convenance. J’ai accouché deux fois par voie basse et une fois par césarienne. Et bien, je suis prête à accoucher encore dix fois normalement, mais surtout, surtout, ne jamais revivre une césarienne !! C’était une césarienne en urgence, en cours de travail, je suppose qu’il n’y avait vraiment pas d’autres choix, mais je l’ai très, très mal vécue. Je pleurais dans le bloc opératoire et j’ai encore beaucoup, beaucoup pleuré des jours, des semaines et même des mois après. J’étais incapable de dire : « ma fille est née tel jour à tel endroit. » Pour moi, ma fille n’était pas née, tout simplement. Elle était là, mais elle n’était pas « née ». Il y avait eu un trou dans l’espace-temps. C’est seulement maintenant alors qu’elle vient d’avoir 20 mois que je commence à me remettre psychologiquement et que, comme par hasard, ma cicatrice a, enfin, fini par se cicatriser correctement.

    Evidemment, cette césarienne n’était pas un choix. Peut-être que si on la demande et qu’elle est programmée, on peut la vivre mieux. En tout cas, il vaut mieux bien se renseigner au départ et partir pour une césarienne en toute connaissance de cause. Le site Césarine est en effet à recommander. C’est aussi grâce à ce site, grâce à des forums sur internet, grâce au témoignage d’autres mamans (comme Clairette, dans Ma tambouille), que j’ai réussi à reprendre le dessus. Voilà, mon témoignage sur la césarienne. Enfin, je voulais aussi ajouter qu’il est évident que la césarienne est indispensable dans certains cas, qu’elle permet de sauver des vies (comme dans le cas de la naissance de ma fille) et que, bien-sûr, personne ne doit se sentir coupable d’accoucher par césarienne (c’est plus facile à dire qu’à faire quand on ne l’a pas choisie !)
    Je me permets une dernière remarque concernant les naissances et après, je me tais. Je trouve très bien d’offrir la possibilité aux femmes de choisir leur accouchement (à domicile, etc.) Mais, je pense surtout à toutes ces femmes des pays en voie de développement, qui elles n’ont pas le choix d’accoucher en maternité, que la grossesse soit pathologique ou non. Alors le choix il devrait être pour toutes à travers le monde. (Je trouve qu’on a un peu tendance à oublier que les maternités ont quand même beaucoup permis aux femmes des pays industrialisés de ne plus mourir en couches et de sauver des nouveaux-nés). Bref, pas de polémique, je n’ai absolument rien contre les accouchements à domicile. (J’admire et j’envie même les femmes qui le font, personnellement, je crois que je n’aurais pas pu). Bon, je laisse la place aux autres….

  2. Suzie dit :

    PS : quand je dis « ne plus mourir en couches », je devrais dire « moins mourir en couches », ce serait plus juste.

  3. Merci pour ton témoignage ! C’est vrai que l’accouchement peut faire peur, l’idée de perdre le contrôle de soi notamment. Ceci dit dans certains cas, comme un blocage psychologique très fort (abus sexuel par ex), il peut y avoir des bénéfices à décider d’avance d’une césarienne sans raison « physique ».
    Je suis bien d’accord avec toi qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain (hi hi hi) et pour moi permettre plus d’offre en physiologique ce n’est pas renoncer aux avancées médicales, loin de là. Mais ça m’énerve que le choix soit bloqué pour des raisons idéologiques : encourager les AAD, maisons de naissance etc ne coûte pas plus cher, au contraire, et ne demande pas de gros investissement, c’est vraiment une question de politique.
    Je mesure notre chance immense par rapport aux pays du tiers monde (j’en avais parlé ici d’ailleurs http://www.poule-pondeuse.fr/2008/06/06/pas-si-mal/ -oui je fais mon autopub, c’est naze, et c’est pas comme ça que je serai dans le classement elle-wikio ;-)).
    Pour le site de Clairette c’est là http://matambouille.canalblog.com/

  4. Marie dit :

    Je comprends tout à fait le souhait qu’on peut avoir à mettre au monde chez soi – bon, perso, vu l’état de la salle d’accouchement après mon passage, mon choix est vite fait pour le prochain…!- mais je me demande juste s’il n’y a pas une prise de risque à vouloir accoucher chez soi. Que faire par exemple si un obstétricien devient nécessaire? si une césarienne doit être pratiquée d’urgence ? Tout est-il prévu pour gérer ces cas ?

  5. Aude dit :

    Bonjour, moi j’ai eu droit à une césarienne en urgence (après deux heures en dilatation complète ma petite ne se positionnait pas bien et il ne fallait donc pas attendre plus pour être sûr qu’elle ne souffre pas). je l’ai bien vécue, je redoutais tant l’épisiotomie; je n’ai presque pas eu mal après et j’ai pû allaiter ma fille.. effectivement il paraît que parfois ça fait super mal.. ce que je crains le plus est mon prochain accouchement car il paraît qu’il y a plus de risques après une première césarienne.

  6. e-zabel dit :

    j’ai vu l’article, je voulais justement en parler, mais tu le fais bien mieux que moi ! J’ai eu une césa pour ma 1ere… pour cause d’hypertension et en plus la puce était en siège… je l’ai bien vécu puisque pour moi c’était un soulagement de la savoir « dehors » plutôt qu’en danger « dedans » ! Mais contente d’avoir pu accoucher par VB la 2e fois :o)

  7. @Marie : bien sûr il ne s’agit pas de faire accoucher tout le monde à la maison, mais juste de ne pas empêcher les femmes qui le souhaitent (dont je ne fais pas partie !). Concernant les risques, il me semble qu’on ne peut avoir un accouchement à domicile (AAD) que si on n’est pas trop loin d’une maternité pour transfert d’urgence. D’autre part, une femme qui accouche à domicile est avec une sage-femme qui l’a suivie toute sa grossesse et qui reste avec elle seule pendant tout l’accouchement, pour pouvoir agir au moindre signe de problème. Rappelons que les sages-femmes sont formées à la réanimation et disposent d’un minimum de matériel pour mettre en œuvre des procédures d’urgence (pas juste des linges propres et de l’eau bouillante ;-)). Alors qu’en maternité la ou les sages-femmes de garde doivent suivre plusieurs patientes en même temps. Enfin, d’autres pays où les AAD/maisons de naissance sont plus répandus (Pays-Bas, Allemagne, Angleterre…) ont globalement des statistiques de mortalité périnatales meilleures que les nôtres. Voir par exemple cette page http://accoucherautrement.free.fr/Questions-AAD.htm
    Quoi qu’il en soit, on parle bien d’un accouchement chez soi encadré par une (ou plusieurs) sage(s)-femme(s) compétente(s), et avec des possibilités fiables de « repli » en milieu hospitalier.

    @Aude : Tant mieux si cette première césarienne a été bien vécue, et a priori ça laisse tout à fait la possibilité d’un autre accouchement par voie basse (a priori, je ne suis ni sage-femme ni gynéco…). Tu trouveras plus d’informations sur le site de césarine par exemple : http://www.cesarine.org/avenir/avac/ Il faudrait comparer le risque de l’AVAC (accouchement vaginal après césarienne) au risque de la césarienne pour être sûr, même si ça dépend beaucoup des cas j’imagine. Note que l’épisiotomie n’est pas du tout obligatoire pour accoucher par voie basse.

  8. @e-zabel : rrrooooh tu me fais rougir (en plus la n°1 du classement elle-wikio, la classe !!). Merci pour ton témoignage, je suis sûre que ça en rassurera plus d’une !

  9. Fleur dit :

    ma césarienne…

    elle a plus de 5 ans et demi et… je n’en suis pas remise…

    césarienne pour siège et bébé préma …en même temps, elle est née préma parce qu’on a fait la césarienne, hein!…. bon j’exagère : on devait de toute façon arrêter la perf de salbutamol et le travail aurait débuté (il a débuté le temps qu’on change de perf pour descendre au bloc)…je disgresse, je disgresse….

    s’en sont suivies des suites de couches difficiles (mais ça, c’est aussi à cause du mois d’hospitalisation précédent…), une dépression de post partum avec syndrôme de stress post traumatique, rien de moins…
    bref, une cata!

    mes regrets sont encore très vifs et la souffrance réelle rien qu’à y songer:
    *pour ma part, je considère qu’il y a eu comme une coïncidence entre ce jour où j’ai été opérée et celui où ma fille est née!
    * je regrette encore la passivité dont j’ai fait preuve… si c’était à refaire, quitte à ce qu’une césa soit programmée, je réclamerais une version : au mieux, ça marche et l’accouchement a lieu plus tard, ou alors ça marche mais ça déclenche l’accouchement (mais voie basse au lieu de césa), au pire, ça échoue et déclenche l’accouchement… et c’est la césa telle que programmée…
    * je regrette aussi les conséquences d’une césa sur les grossesses et naissances suivantes…

    J’ai eu ma césa pour mon premier enfant.
    Deux ans et demi plus tard, je rêvais d’un AVAC (accouchement vaginal après césarienne) sans péri… J’ai pris la péri quand le staff a commencé à parler avec insistance de césa (pour pseudo souffrance foetale) : ça m’a fait perdre les pédales… L’équipe n’a pas compris pourquoi je tenais tant à une naissance par voie basse et me battais pour cela (je me suis opposée à la césa pendant plsu d’une heure…)… J’ai obtenu « gain de cause » (en réalité, le droit de tenter de faire naître ma fille vite vite par voie basse, au bloc) avec UN argument : celui qu’une deuxième césa me condamnerait aux césas pour toujours… (et pourtant, j’en avais d’autres des arguments pertinents!)..,
    bref, notre deuxième puce est née par voie basse, mais au bloc, en l’absence du Papa donc….

    et… mon fameux argument décisif a pris tout son sens le 24 Octobre dernier : Thaïs est née par voie basse, sans péri, en présence du papa… un accouchement fabuleux, dont je ne dirai rien de plus… avant un prochain article de la Poule Pondeuse! (teasing, teasing!)

  10. Marie dit :

    désolée si j’ai laissé entendre que les sages femmes n’étaient pas suffisamment compétentes! loin de moi cette idée ..
    et je suis tout à fait d’accord avec toi, Poule pondeuse, pour que chaque femme accouche où elle le souhaite, dans la mesure du possible!

  11. @Fleur : quelle histoire ! en tout cas chapeau pour t’être battue et avoir arraché cet AVAC au bloc (avec la complicité de choupinette n°2). Vivement la suite !

    @Marie : no problemo, c’est vrai que la discussion via des commentaires est forcément biaisée, surtout quand les gens ne se connaissent pas.

    @toutes : apparemment le ministère de la Santé veut reprendre les choses en main mais je n’ai pas l’impression qu’ils aient lu mon article, damned http://www.liberation.fr/vous/0101304009-trop-de-cesariennes-en-france?xtor=RSS-450

  12. J’en suis à trois césariennes (programmées) et un peu comme Suzie, je ne peux pas dire que j’ai « accouché ». A la rigueur, je peux dire « j’ai donné naissance ». Pour la dernière, j’ai quand même eu un aperçu des douleurs des contractions, car le travail a commencé à minuit et j’ai été opérée à 11h. Ce qui m’a permis de dire à un infirmier : »Je commence à comprendre pourquoi on a inventé la péridurale ! ».
    J’aurais bien aimé pouvoir discuter avec les chirurgiens qui m’ont opérée, mais la dernière en date, la seule qui assurait le « service après-vente », était à son tour en congé maternité quand a eu lieu mon rendez-vous.

  13. Anne dit :

    pour la question de Marie, en France les SF qui font des accouchements à domicile, demandent aux parents maintenant de se rapprocher à 1/2 heure maxi de la maternité la plus proche, pour un transfert éventuel (pble pour la mère et/ou le BB). Donc des parents louent des gîtes maintenant autour de la date du jour J ou chez des amis si il y a. Et puis elle ne prennent que les cas ideaux, donc que pour la maman et le BB tout se passe dans l’idéal, au moindre petit pble ou positionnement du BB autre que tête en bas, c’est non. Donc on ne peut plus dire aujourd’hui que l’on peut accoucher chez soi si on veut… c pas aussi simple. Puis il y a de moins en moins de SF libérale qui font des AAD par manque d’assurance!
    Mais enfin des parents y arrivent encore à trouver une SF lib, ça peut se faire mais c’est bcp moins facile que passé un temps. Enfin voilà la généralité, il doit surement y avoir des exceptions! la situation fait qu’il y a de plus en plus d’ANA (accouchement non assisté), mais peut etre qu’un jour la poule fera un article dessus 😉

  14. @lbb : rrrrrrrraaaah encore un problème avec ces gonzesses qui font que pondre au lieu de bosser comme tout le monde ;-)))

    @Anne : merci pour les précisions. Y en a aussi qui louent un appart en Allemagne ou en Belgique par ex où on trouve plus facilement des sages-femmes AAD (euh… comment on dit « poussez » en allemand ??). Pour l’ANA pourquoi pas, c’est une idée ! (euh je parle d’écrire un article là, pas de programmer un ANA…)

  15. Princesse Strudel dit :

    Coucou! J’ai pense a toi hier soir, il y a eu un reportage sur cette etudem pendant le JT. Merci pour ce billet tres interessant.
    Bises, Lea en transit

  16. La gerboise déglingo dit :

    Chère Poule Pondeuse,
    je suis en silence et avec un intérêt croissant tes billets, pleins de bon sens, de bons conseils, avec de vrais morceaux d’ouverture d’esprit dedans 😉
    j’arrête là, je vais passer pour la fayotte de service…
    Ce billet n’est pas neuf mais j’arpente le blog dans tous les sens et voici un article qui me donne envie de témoigner.
    En janvier 2009 me voilà enceinte. Grossesse idéale, j’ai fait de la danse jusqu’à 6 mois et demi, pleine forme, beaucoup de voiture car lieu de travail éloigné, bon des gerbouillis mais sinon tout allait pour le mieux. Du coup je me suis persuadée que l’accouchement allait être itou.
    Que nenni mon amie que nenni (ah inconscience de la jeuness… de la euh, des gens quoi).
    Petite visite de routine à 8 mois et demi et oh là là ben dis donc des contractions (non douloureuses, y’a une justice) de 15 min 😯
    hummm hummm, évidemment j’ai été hospitalisée et surveillée.
    Et le dimanche après midi patatra, gros malaise et impression de coup de poignard dans le ventre… Une douleur pétrifiante, foudroyante, le ciel qui tombe sur la tête.
    Panique dans les couloirs, branle bas de combat, on me met sur une table on me déshabille (devant tout le monde, ah faut pas être pudique quand on est enceinte 🙄 ), on me rase raaaah, j’ai mal j’ai mal mais laissez moi mourir, laissez moi tranquille arrêtez de me faire mal, la sage femme tremble… Glaoups ça ne sent pas bon tout ça
    et puis on me murmure à l’oreille : « on vous descend au bloc »
    pitié pas ça, non non non, c’est mon 1er bébé, j’ai tjrs refusé cette possibilité, par pitié non. j’ai sangloté vraiment, je me suis effondrée moralement, j’ai essayé de refuser de toutes mes forces l’inévitable. « je vais essayer je vous promets je vais être courageuse je vais faire comme vous me direz, je pousserai fort je vous le promets pitié pitiééééééééééé » 🙄
    Mais je n’ai pas le choix. Je risque de mourir et le bébé aussi, c’est très clair, et je finis par comprendre qu’on n’appelle pas le chirurgien de garde un dimanche par flemme ou par plaisir…
    Ma fille est née en parfaite santé, une demi-heure plus tard, et elle aura 1 an dans quelques jours
    pour moi la césarienne a été un véritable cataclysme dans un premier temps. déjà ça fait très très mal, en tout cas moi je l’ai bien sentie passer dès l’effet de l’anesthésie dissipé. Donc quand j’entends parler de césarienne de convéniance je comprends mal ou alors je me dis que les femmes ne réalisent pas que ça n’a rien de confortable : devoir appeler toutes les 2 min pour ceci ou cela ça n’est absolument pas plaisant.
    La perspective d’avoir une probabilité importante d’autres césariennes ne me réjouit pas davantage.
    Pendant longtemps j’ai eu une sorte de complexe d’infériorité par rapport à ça. Honnêtement la césarienne est parfois perçue comme un accouchement au rabais 👿
    en discutant dans les couloirs de la maternité j’expliquais ma mésaventure à une récente maman, qui m’a répondu « ah non moi j’ai accouché normalement »
    normalement… le contraire c’est « anormalement » nan? donc j’ai eu un accouchement anormal??
    Que ce terme me fait tiquer! Grrr je le déteste…
    et puis un jour, tilt le déclic. marre de me sentir moins légitime en tant que mère à cause des conditions de l’accouchement, marre de laisser ce boulet me lester. Ma fille, sûrement, m’a aidée aussi, elle est pleine de vie, adorable, rigolote, en quoi serait-elle différente d’autres enfants?
    Alors j’ai digéré cet épisode, il fait partie de ma vie, n’a ni plus ni moins d’importance que d’autres, ce qui compte c’est que ma fille soit en bonne santé, moi aussi, ma cicatrice est jolie et si pour mes prochaines grossesses j’espère un AVAC, je pense -j’espère- que je vivrai mieux d’autres césariennes si jamais…
    je ne considère pas qu’on m’a volé la naissance, je considère que j’ai bel et bien accouché, et même si j’aurais souhaité que ça se passe autrement, c’est ainsi. j’ai pu entendre crier ma fille, et c’est ce qui me reste de plus fort de ces moments là

    Le plus dur pour moi, ça a été d’accepter ça, de le digérer et de l’intégrer. maintenant c’est chose faite et ça ne me blesse plus. Mais c’est vrai, j’ai pris une grande claque le jour J car les conditions étaient bien loin de la naissance rêvée que j’avais fantasmée…
    Je suis très reconnaissante envers l’équipe, je ne peux pas les soupçonner d’avoir joué les bouchers, je sais qu’ils ont pris les bonnes décisions, au bon moment, et je mesure vraiment la chance que j’ai eu d’accoucher dans un pays où on a les moyens d’agir pour les mères et les enfants.
    Moi qui pestais pendant ma grossesse contre la soi-disant surmédicalisation autour de ça, j’ai bien revu mon jugement 😳

    Le site de césarine est en effet remarquable, j’aime le ton, les conseils, la façon dont on est entourée

    désolée chère poule d’avoir été si longue…

  17. Ficelle dit :

    @La gerboise déglingo, et quelle était cette douleur que tu as ressenti? Que s’est-il passé en fait?? Ta fille était mal placée? Quelque chose s’est rompu?? Je ne comprends pas 🙁

  18. Anonyme dit :

    @Ficelle, eh bien en fait les termes qui sont venus c’est « un coup de poignard dans le ventre », c’est d’ailleurs cette image qui a décidé la sage-femme à appeler le chirurgien, elle a songé à un décollement placentaire brutal.
    Sinon je crois que mon état (douleur brutale et très intense + chute importante de tension, je partais dans les vapes) et celui de ma puce (souffrance foetale, importantes décélérations du coeur) ont aussi pesé dans la décision prise dans l’urgence. Le travail n’avait pas du tout commencé (aucune dilatation), et pour l’équipe il était impensable que le bébé et moi tenions plusieurs heures
    Dans le compte-rendu opératoire que j’ai reçu (sans le demander 😀 ) il est précisé que j’ai souffert d’hypertonies, sans cause identifiée et que c’est une aggravation brutale de cet état qui durait depuis 4 jours qui a amené à la césarienne. Mais aucune cause physiologique n’a été détectée, ma fille était bien placée, avait suffisamment de liquide amniotique bref… ❓ Des questions mais sans réponse aujourd’hui, donc pour la prochaine fois c’est l’inconnu total, mais finalement c’est toujours comme ça non? 😉
    la gerboise déglingo (ou Anne-Sophie si on veut faire plus présentable 🙂 )

  19. @La gerboise déglingo, bienvenue et merci pour tes gentillesses (c’est toujours agréable les gens qui fayotent :mrgreen: ). Merci pour ce témoignage, j’espère que tu pourras faire toute la lumière possible et à défaut digérer tout cela (mais tu as l’air bien avancée !). Enfin évidemment même si on en a souvent l’impression il n’y a pas de « concours » maternel, chacune prend le chemin qu’elle veut/peut jusqu’à la maternité. Et pour paraphraser une des fidèles de ce blog (je ne sais plus si c’est suzie ou Béatrice 😉 ) : tu n’as pas eu un accouchement anormal, mais extraordinaire 😉