Mais de quoi est-il question?
Et oui dans la basse-cour, il y a des poules, des coqs, mais aussi des chapons et « chaponnes ». Autant les poules « chapons » autant les chaponnes « chapons » pas. Bref vous l’aurez compris, concrétiser un désir d’enfant naturellement n’est pas donné à tout le monde.
Pourquoi en parler dans une basse-cour prolifique? Et bien malheureusement personne n’est à l’abri de connaître un problème de fertilité, même en ayant déjà eu un ou plusieurs enfants sans problème. Si tel est le cas, vous entrez alors dans le monde merveilleux de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) qui, si statistiquement elle ne fait pas mieux que la nature, permet à des couples ayant des difficultés d’accéder à la parentalité ou tout au moins de leur donner plus de chances.
Ce qui suit n’est en rien exhaustif, cela se veut surtout un aperçu, un survol de ce qu’est la PMA.
Concrètement la PMA comment ça marche?
Alors quand on est « chaponnes » ou « chapons », voir les deux, comment ça se passe? Tout cela dépend de votre « chaponnerie ».
La première étape est tout d’abord de réaliser qu’il y a quelque chose qui cloche. En général, au bout d’un an sans grossesse et si vous avez moins de 35 ans, on peut soupçonner un problème (bien qu’il n’y ait encore pas si longtemps, les médecins insistaient pour attendre deux ans). Le premier intervenant à qui l’on parle est souvent le gynécologue qui assure les suivis annuels. Soit il peut prescrire certains examens sommaires, soit il peut directement vous référer à un gynécologue spécialisé en fertilité (ou infertilité c’est selon).
La deuxième étape consiste en une visite préliminaire qui se fait en couple et durant laquelle le médecin évalue votre cas en posant des questions sur les antécédents médicaux des deux personnes du couple. En règle générale, un spermogramme est à faire pour Monsieur et Madame doit établir ses courbes de température pour les trois mois qui viennent. Et là déjà vous réalisez que vous venez de mettre les plumes dans un processus qui va être long.
Les courbes de température consistent à relever tous les matins, à la même heure exactement et avant d’avoir posé le pied à terre, votre température corporelle. Une courbe normale se compose de deux phases, un plateau bas (pré-ovulation) et un plateau haut (post-ovulation ou lutéale), le changement entre les deux permettant de déterminer (a posteriori) la date d’ovulation. (http://www.courbe-temperature.com/, par exemple). Cela permet de voir si les cycles sont réguliers, s’il y a ovulation (et oui avoir des règles ne signifie pas que vous avez une ovulation!), si la phase lutéale (plateau haut) est suffisamment longue pour permettre une implantation…
Le spermogramme permet de connaître le nombre de spermatozoïdes dans un éjaculat bien sûr, mais aussi leur mobilité, s’ils sont mort ou vivants, s’ils sont résistants, s’ils ont une morphologie normale… (http://www.gyneweb.fr/Sources/gdpublic/masculin/infertilite.htm, par exemple).
Ces deux examens sont peu coûteux et indolores, il est donc conseillé de commencer par eux et de parfois faire un petit « forcing » auprès de votre médecin pour obtenir une prescription pour le spermogramme si vous soupçonnez un souci.
Au bout des trois mois, il y a un deuxième rendez-vous, toujours en couple. Et là, soit il y a une chose anormale et on peut commencer à envisager des solutions, soit rien n’est détecté et toute une panoplie d’examens plus ou moins agréables est possible, exclusivement à l’attention de Madame :
– dosages hormonaux à différents moments du cycle, (aie pour les phobiques des piqûres)
– test de Hünher ou test post-coïtal, permettant de voir la survie des spermatozoïdes en conditions naturelles (indolore, mais O combien désagréable….)
– échographie ovarienne et de l’utérus, (indolore)
– hystérosalpingographie pour visualiser l’utérus et les trompes en contraste de phase (aie variant d’une simple douleur de règle à une énorme douleur de type contractions d’accouchement),
– cœlioscopie (inspection de l’appareil génital par l’intérieur nécessitant une intervention chirurgicale),
– IRM……
(Pour plus d’informations, http://www.chu-toulouse.fr/-l-infertilite-, par exemple).
Ensuite le nombre de rendez-vous et les progrès dans le diagnostic sont bien entendu dépendants du ou des problèmes détectés ou non. Je ne vais pas lister tous les problèmes possibles, la liste serait très longue et fastidieuse. Néanmoins, on peut les regrouper en cause féminine (majoritairement des problèmes dans les cycles, des problèmes hormonaux ou morphologiques), en cause masculine (problèmes dans les quantités/qualité de spermatozoïdes principalement, mais aussi des problèmes morphologiques), une combinaison des deux, et des causes indéterminées, finalement le pire des cas, parce que l’ennemi à combattre reste inconnu.
Ces étapes permettent d’aboutir au bilan de fertilité du couple. Et ce point est important : l’infertilité ou l’hypofertilité est avant tout un problème de couple et non de personne. Il n’y a pas un coupable ou un responsable. Un enfant est un projet de couple, sa non réalisation est un souci de couple. Il est vital que cela soit clair dans l’esprit de tous.
Le bilan permet souvent d’identifier le ou les problèmes et de définir les possibilités offertes. Ensuite le choix est une triangulation entre ce qui est possible, ce que le médecin est capable de faire et ce que le couple veut faire, puisque ces méthodes posent un certain nombre de problèmes éthiques et que chaque couple a sa vision des choses et ses propres limites.
La suite demain…
cet article tombe à point pour compléter ma dose d’informations matinale.
Pour les lève-tôts ou les jet-laggers, l’émission de Patricia Martin sur France Inter recevait ce matin Monique Canto-Sperber pour son livre « Naissance et liberté ». Un débat philosophique mêlant éthique et avancées technologiques sur la PMA et ses limites; très intéressant et instructif (vous pouvez réécouter l’émission en podcast).
Elle aussi insiste sur cette triangulation.
Pas facile d’avoir un avis quand on n’a pas été confronté au problème (j’ai moi aussi de la chance 😉
Le seul point que je confirmerai c’est « le souci de couple ». Combien de couples sont malheureusement déchirés par ce rêve envolé?
Merci à la poule chaponne pour ce bel exposé (la suite, la suite !). Je pense aussi que même si on n’est pas confronté soi-même au problème ce genre d’article nous aidera à mieux comprendre les personnes de notre entourage qui rencontrent ce genre de difficultés (et éviter les « alors ce bébé vous vous y mettez quand ? vous avez perdu le mode d’emploi ? ha ha ha »).
très bel article en effet, autour de moi, j’en parlais récemment chez moi, deux couples en difficulté. J’évite à chaque fois de demander « et alors ? », c’est assez difficile pour eux comme ça…
Bonjour,
Je viens souvent faire un tour sur ce blog mais c’est mon premier commentaire.
Je viens d’avoir des jumeaux suite à une FIV. 3 ans de galère. Il faut s’accrocher car c’est dur psychologiquement.
S’il y a une chose à retenir pour l’entourage d’un couple qui connait ce genre de difficulté, c’est de bannir la phrase : « vous n’y arrivez parce que vous y pensez trop ». En fait on le dit surtout à la mère. Mais comme le dit mon gynécologue, si le stress était un moyen de contraception cela se saurait. Bref, pour l’avoir entendu plein de fois, cette phrase est destructrice moralement.
Félicitation pour ce premier article !
Hier matin, France 3 a diffusé une émission C’est Pas Sorcier sur le sujet : La fécondation in vitro : un enfant nommé désir (De plus en plus de couples rencontrent des difficultés pour concevoir un enfant. Depuis près de 30 ans, l’aide médicale à la procréation permet de leur venir en aide. Fred et Jamy visitent un centre de fécondation in vitro puis un CECOS, un Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme, une sorte de banque de gamètes.). Le site de l’émission est en construction actuellement, mais on m’a dit que prochainement on pourra y télécharger les émissions déjà diffusées.
Et demain soir, sur Arte (21h) : Les mâles en péril (Produits de beauté, jouets, emballages… : ces produits que nous manipulons au quotidien nuisent-ils à la fertilité masculine ? Une enquête exceptionnelle.)
Et autre news entendue ce matin sur France Info : lAgence de la Biomédecine a lancé aujourd’hui un dispositif national pour favoriser le don de spermatozoïdes :
http://www.dondespermatozoides.fr/pre/
Bonjour!
Tout d’abord un grand merci à La poule pondeuse de m’avoir offert la possibilité de vous faire partager cette aventure.
Alexandra, félicitations pour ces jumeaux! Quand le parcours finit par porter ses fruits, c’est une énorme victoire.
Effectivement, les phrases assassines jalonnent ce parcours, le plus souvent sans aucune méchanceté, juste de la maladresse…
Néanmois, le silence absolu n’est pas plus souhaitable, c’est un équilibre à trouver.
Blandine, oui un certain nombre de couples éclatent devant ce problème, même s’il finit par aboutir à un petit poussin. Nous avons nous aussi eu nos hauts et bas, parce qu’on arrive toujours à un stade où on se pose des questions sur son couple: est-ce un signe que nous faisons fausse route ensemble?
Gaëlle, effectivement, le don de gamètes est assez peu connu puisque jusqu’à tout récemment toute publicité sur le sujet était interdite. Interdit qui a été assoupli il y a peu.
Merci pur ces article… Je suis depuis peu confrontée au problème et effectivement, je n’aurais jamais pu imaginer à quel opint c’est dur psychologiquement… Devoir faire face à l’entourage maladroit n’est qu’une petite partie du problème…
céline-soleil, si ce parcours devient trop dur psychologiquement pour l’un ou l’autre du couple, il ne faut pas hésiter une seconde à demander du soutien.
Cela peut être auprès de proches, auprès de professionnels ou bien par d’autres biais.
Pour ma part, j’ai trouvé un soutien extraordinaire sur un forum, avec des femmes qui étaient des « copinautes » et qui sont devenues des amies au fil des mois.
Quand je parle de cela, la plupart des gens me regardent bizarrement, un mélange d’amusement et de dédain: comment, raconter des détails de cet ordre à des personnes inconnues?
Je dois dire que j’étais sceptique au départ et je trouvais ma démarche assez insolite. Il reste que ces parfaites inconnues (tout au moins au début puisque depuis des rencontres se sont organisées) ont été capables de me fournir un soutien que je n’ai jamais trouvé auprès de mes proches.
Cela n’est qu’un exemple, cette solution m’a offert un support supplémentaire à celui de ma moitié et m’a beaucoup aidé à voir défiler les mois en relativisant.
J’ai appris (bon, j’avais de sacrés doutes) que mon ami et moi avons un problème de fertilité puisque depuis 3 ans sans contraception, je ne suis jamais tombée enceinte. Mon gynécologue m’a déconseillé les courbes de température, facteur de stress supplémentaire à son avis, et demandé de réalisé un bilan hormonal au deuxième ou troisième jour du cycle, ce que je n’ai pas encore pu faire, les deux derniers cycles étant tombé un vendredi pour le premier jour, avec samedi travaillé de 5h à 13h comme deuxième jour, ainsi qu’un spermogramme pour mon ami, qu’il n’ose pas faire, surtout depuis qu’il a appris que je ne pourrai pas « l’assister » pour le prélèvement… bref, je sens qu’on a mis le pied dans un sacré étrier…
Mon gynéco m’a également recommandé d’en parler au moins de monde possible, ç
Oups, petit dérapage….
donc, je disais, mon gynéco m’a recommandé d’en parler au moins de monde possible pour éviter la question « alors, tu en es où ? » ou bien le « faut arrêté d’y penser », comme il a été dit dans l’article en fait.
Tout ça pour dire que finalement, mon gynéco m’a permis de ne pas désespérer et me dire que quoi qu’il arrive (ou presque), il restera toujours une petite chance… et rencontrer ce genre de problème constitue, je pense, un sacré test de la solidité du couple.
Merci pour ces articles qui aident un peu à se sentir moins seule.
oups… désolée pour les fautes qui me sont passés sous les doigts…
Je voulais également ajouter que même si mon ami est un peu inquiet du spermogramme, il m’a promis de le faire, qu’il est complètement dans la démarche de recherche de solution.
Et pour finir, excusez-moi pour ces messages enchaînés 😉
Fleur, chaque médecin a ses marottes et son expérience. Néanmoins, il faut aussi faire comme tu le sens après en avoir parlé avec ton ami.
En parler à mes proches m’a permis de me décharger d’une partie du stress : les questions du type « et vous c’est pour quand? » ont cessé.
En parler avec d’autres personnes touchées m’a permis de me sentir moins seule, de voir que ce n etait pas un reve inaccessible, mais aussi d avoir des attentes realistes et de ne pas avoir des espoirs demesures.
Je suis au Quebec, les medecins sont beaucoup moins interventionnistes en general, c est pourquoi ils preconisent les courbes de temperature plutot que les pds dans un premier temps. Ce sont deux ecoles differentes, avec des avantages et desavantages dans les deux cas.
Accrochez-vous et avancez à votre rythme, chaque étape demande des efforts et nous ne sommes pas toujours en prêts au moment où il faudrait, prendre son temps ce n’est pas en perdre.
PS: desole pour les accents qui manquent mon clavie a pris peur avec la premiere chute de neige!