Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Par  • Le 17 septembre 2008 à 8:03 • Catégorie : Education, Eduquer, Trucs et astuces

 Aujourd’hui un sujet délicat : le sommeil de nos poussins. Passons sur les incessantes (et horripilantes) questions de l’entourage (« Alors, il fait ses nuits ? » « Comment ça, pas encoooooore ? »), après lesquelles viennent généralement une foule de conseils plus ou moins appropriés (passons aussi sur la tétine au miel ou encore le p’tit coup de gnôle dans le biberon), qui mettent en panique les pauvres parents. C’est d’autant plus énervant que c’est un vrai problème : manquer de sommeil rend fou les parents comme les enfants. Non parce que si vous croyez qu’un enfant qui a besoin de dormir, ben il dort, vous vous fourrez le doigt dans le nez jusqu’à l’oeil. Si vous croyez encore à  cette expression « dormir comme un bébé » (ha ha ha ha ha), ou encore certains auteurs qui affirment sans rigoler qu’un nouveau-né dort 20h sur 24 (y en a peut-être un qui fait ça en France effectivement, mais probablement pas beaucoup plus si on en croit les jeunes parents), c’est que vous n’avez pas d’enfants ou que vous êtes amnésique. C’est un des plus gros problèmes des tout petits : ils ne savent pas s’endormir. A partir de là, chacun a son seuil de tolérance, en termes de kilomètres à marcher pour bercer le petit monstre et de nombre de réveils par nuit. Tant qu’il n’est pas dépassé, tout va bien, mais quand on s’en rapproche, voilà quelques idées. Pas de recette miracle, parce qu’hélas ça n’existe pas. 

D’abord, il ne faut pas sous-estimer d’éventuels problèmes physiques ou psychologiques, notamment si la naissance a été difficile. N’hésitez pas à en parler avec un médecin, une sage-femme, un psy, un ostéopathe (ou autre professionnel de santé) en qui vous ayez confiance, ça peut faire des miracles. A savoir : les otites (et dans une moindre mesure les poussées dentaires) sont plus douloureuses quand on est allongé. Dans ces cas-là (marche également pour le rhume et les régurgitations), surélever légèrement le matelas sous la tête du poussin peut apporter une amélioration significative. En pratique, roulez une serviette sous le matelas ou mettez des livres sous les deux pieds de la tête de lit (ou cédez aux sirènes du marketing).

Sur Babble, un père témoigne qu’après avoir tout essayé, donner de la mélatonine (l’hormone du sommeil) à leur fille de trois ans a révolutionné leurs nuits. A voir avec un médecin. L’emmaillotage revient à la mode, et on développe de nouvelles formes de matelas comme le cocoonababy. Je n’ai rien testé de tout ça, mais pourquoi pas ?

On vous a aussi peut-être dit qu’un bébé dort même s’il y a de la lumière, même s’il y a du bruit. N’empêche que si vous rencontrez quelques problèmes de sommeil, vous pouvez commencer par coucher le poussin dans un endroit très calme et très sombre, ça aide. Un petit truc qui peut marcher (pas du tout chez nous mais j’ai vu des témoignages positifs) : laisser dans le lit/berceau un tissu imprégné de l’odeur de maman (genre le t-shirt que vous portez depuis trois jours).

Ensuite, il faut avoir des objectifs réalistes et en phase avec la maturité du poussin. Tout le monde a entendu parler de bébés qui font leurs nuits à la maternité ou à quinze jours, mais autant vous le dire tout de suite, c’est aussi courant qu’un gothique à un concert de Lorie. On peut se baser sur quelques repères : par exemple une règle plus ou moins vérifiée dit qu’un bébé ne peut pas tenir la nuit sans manger avant d’avoir atteint 5 ou 6 kg, ou encore selon Grandsenne les enfants se règlent tous vers 3 mois. Mais cela reste des repères, c’est aux parents de sentir ce que leur enfant est prêt à faire ou pas. Pour cela, si vous voulez tenter de lui faire franchir une étape, essayez progressivement et si vous voyez que ça ne marche pas du tout, laissez tomber quelque temps : chez un tout petit, les choses peuvent changer d’une semaine à l’autre. Et attendez-vous à des « régressions » passagères à chaque changement important dans la vie de bébé (déménagement, reprise du travail de la mère, acquisition d’une étape majeure comme la marche…).

Dans les premières semaines, tant que l’enfant passe quasiment tout son temps éveillé à manger, tant qu’il n’a pas vraiment pris le rythme jour-nuit, à mon humble avis il ne faut pas se poser trop de questions. Par contre, quand vous commencez à voir émerger une sorte de rythme, notamment au niveau des tétées/biberons, ça peut être un bon moment pour essayer de l’encourager à le suivre, en particulier la nuit. Je m’explique : si une nuit le poussin a tenu 5 heures sans manger, la suivante, s’il se réveille au bout de 3 heures, ne lui proposez pas systématiquement du bon lolo. Essayez d’abord de le rendormir autrement : câlin, bercement, berceuse/boîte à musique, doudou, tototte… Si vous allaitez, envoyez le papa. Et s’il a vraiment faim, vous le saurez très rapidement (puisque les cris augmenteront au lieu de diminuer) et au pire il aura patienté cinq minutes pour avoir son rata, ça ne me semble pas relever du traumatisme majeur. Par contre, il est assez risqué de vouloir manipuler le rythme, par exemple s’il dort depuis 20h et que vous vous couchez vers 23h, de le réveiller pour le nourrir au moment où vous vous couchez en espérant qu’il ne vous réveille pas à 1h. Le plus probable, c’est que n’ayant pas vraiment faim/n’étant pas réveillé, il prenne très peu et vous réveille quand même à 1h. Et le pire cas, il prend l’habitude de manger à 23h et à 1h, au lieu de seulement à 1h. Mais il y en a sûrement pour qui ça a marché, c’est quitte ou double !

En ce qui me concerne, j’ai été plutôt partisane de dissocier sommeil et nourriture dès que ça a été possible. C’est-à-dire d’éviter d’endormir ou de rendormir mon poussin au sein s’il ne le réclamait pas (j’utilisais la tototte quand ce n’était pas de la faim mais un besoin de succion à satisfaire), et de ne pas lui proposer à manger dès qu’il se réveillait (tant qu’il ne réclamait pas bien sûr). Ainsi il a pris l’habitude de ne pas avoir son petit déj à peine il ouvre l’oeil, ce qui aide grandement pour les grasses mat’ du week-end (maintenant on peut facilement dormir jusqu’à 9h30). Bien sûr s’il réclame au réveil on lui donne, ça n’est pas du dressage, mais s’il est calme on patiente en faisant un gros câlin en famille. 

Il faut savoir qu’un enfant dort moins bien avec ses parents que seul dans sa chambre, ou en tout cas qu’il se réveille plus souvent. Donc il faut décider si vous préférez beaucoup de réveils faciles à gérer (sans se lever ou presque) ou peu de réveils mais plus fatigants. Une des conséquences d’avoir le poussin à portée de main, c’est qu’on a tendance à intervenir au moindre gémissement, puisque ça nous réveille plus vite, et qu’on veut que ça s’arrête pour se rendormir. Ceci peut ralentir l’acquisition de la capacité de rendormissement par l’enfant. Et ce d’autant plus que les bébés ont souvent un sommeil assez bruyant, notamment à certaines phases où on peut facilement avoir l’impression qu’il se réveille alors que ce n’est pas le cas. Le problème étant qu’en voulant le rendormir (alors qu’il n’était pas éveillé), on le réveille effectivement : légèrement contre-productif ! Si vous êtes dans la chambre d’à côté, le temps de se réveiller, de comprendre ce qui se passe, et de jouer cinq minutes au jeu préféré des jeunes parents « Je fais semblant de dormir en espérant que l’autre se lève » ou « Cékikivasslever », avec un peu de chance il se sera rendormi tout seul (ou pas réveillé donc). Je précise que je ne suis pas du tout contre le cododo, que j’ai pratiqué avec bonheur. C’est à chacun de sentir ce qui lui convient le mieux à chaque moment.

Je vous ai dit tout le mal que je pensais du « laisser pleurer », cependant il y a des cas où ça me semble inévitable. Un exemple. Lorsque l’enfant commence à se déplacer, il exprime de plus en plus fortement sa volonté et son envie, en plus de ses besoins. Il veut jouer avec le hâchoir, il veut mettre ses doigts dans la prise, etc etc. Et puis il ne veut pas aller se coucher, bien qu’il soit visiblement fatigué. Alors quand vous le mettez au lit et que vous sortez de la chambre, il pleure (voire hurle) pour manifester son désaccord. Mais il est fatigué. Il peut très bien arriver qu’une fois son désaccord exprimé il s’endorme dans les deux minutes qui suivent votre sortie de la chambre. C’est ce que fait le poussin. Quand on le couche, il n’est pas rare qu’il pleure, mais pas plus de deux minutes (parfois à peine trente secondes). Et si on retourne le voir tout de suite, on ne fait que décaler le problème. Sachant qu’il s’endort beaucoup plus vite seul que si on est là (une présence le stimule plus qu’elle ne le calme), ça me semble plus profitable pour tout le monde qu’il râle deux minutes puis dorme paisiblement que de passer trois quarts d’heure autour de son coucher. De la même façon, quand il se réveille la nuit, il n’est pas rare que le temps qu’on émerge (et qu’on joue au Cékikivasslever), il ait retrouvé son doudou, repris son pouce et se soit rendormi tout seul. En allant dormir chez des amis, j’ai découvert qu’il s’était réveillé trois fois dans la nuit et que je n’en avais entendu qu’une (et le temps que j’émerge du coltar il était déjà rendormi, à la grande surprise de nos hôtes).  

Si vous allaitez, ne vous laisser pas pousser vers le sevrage dans l’espoir qu’il fasse ses nuits. Le résultat est loin d’être garanti, et ça risque de vous rester en travers de la gorge. Ceci dit, si vous avez repris le travail, il est possible que le bébé tète la nuit ce qu’il ne peut pas téter le jour.

Pour apprendre l‘endormissement autonome tout en douceur, il y a la méthode Pantley. Je n’ai pas testé, mais ça peut être une bonne solution, même si à mon avis il faut être trèèèèèèèès patient. Un peu plus douloureuse et controversée, la méthode Ferber consiste à laisser pleurer l’enfant 1 minute, revenir pour le rassurer (sans le prendre), le laisser pleurer 2 minutes, revenir, et ainsi de suite sans jamais dépasser 5 minutes. A mon avis, à manier avec prudence et pas chez un nouveau-né (et surtout ne pas s’y accrocher envers et contre tout), mais ça peut donner un cadre pour aider un grand bébé à s’endormir seul. 

Et puis ce qu’on ne vous dit pas (attention la poule pondeuse dénonce un complot mondiaaaaaal), c’est que la plupart des bébés dort mieux sur le ventre. Mon pédiatre l’a avoué sous la torture (vous avez déjà entendu les cris suraigus du poussin ?). Attention, loin de moi l’idée de remettre en question le lien entre position de sommeil et mort subite du nourrisson : il est clair que ces décès ont chuté depuis qu’on couche les poussins sur le dos, et il faut encourager les parents à le faire. Mais… mais si à chaque fois que vous tentez de coucher votre poussin endormi il se réveille, essayez de le mettre un peu sur le ventre (miraculeux pour ceux qui ont un rototo coincé), et puis retournez-le après 10-15 minutes, quand il est profondément endormi. Cela va sans dire, à 4 heures du mat’, après une demi-heure de biberon/tétée, rototo (peut être nécessaire au sein aussi, surtout si on a un bon débit), tour de la maison avec bébé dans le bras, quand ENFIN le monstre a l’air de dormir dans son lit, on rêve d’attendre encore un quart d’heure pour le retourner. Surtout quand on doit se lever à 6h45. Ouiiiiiiii Docteur, bien sûûûûûûr, comptez sur moi. Ha ha ha. 

Et vous, vous avez des trucs ?

(Photo : Flickr)

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