Voici en bref les principaux faits de cette sordide histoire, vue sur le Times online. Un couple britannique d’origine indienne est allé procéder à une FIV en Inde car leurs âges (59 ans pour elle, 72 ans pour lui) leur fermaient les portes d’un tel traitement en Grande-Bretagne. De retour au Royaume-Uni, la mère a donné naissance par césarienne à deux jumelles qui ont été rejetées par leurs parents en raison de leur sexe. Le père a apparemment plusieurs fois demandé au personnel médical quand sa femme serait à nouveau apte à voyager pour repartir faire une autre FIV en Inde. C’est en tout cas ce qu’annonçait le Times jeudi après-midi, mais plus jeudi soir, où je découvre que finalement les parents s’occupent sans problème des fillettes. Et vendredi matin l’article a encore changé ! Je ne réponds plus de rien sur le contenu du lien…

La controverse passe donc de la sélection intensive du sexe du bébé dans certains pays asiatiques (dont l’Inde) au tourisme FIV et aux problèmes éthiques associés. En effet, est-ce vraiment une bonne idée de devenir parent après 50 ans ? N’est-ce pas l’intérêt de l’enfant à naître qui devrait primer sur le désir d’enfant du couple ? D’un autre côté, la société peut-elle régenter le droit à la procréation ? Ne risque-t-on pas de dérives eugénistes (de fort mauvaise mémoire sur notre vieux continent) en décidant qui est digne de se reproduire ? Pas simple, et je ne me permettrai pas de trancher.

Ceci dit, il est clair que les sociétés patriarcales comme l’Inde ou la Chine vont vers de graves problèmes vu le déficit de filles constaté dans certaines régions. Il faut savoir que dans ce modèle social, c’est le fils qui reprendra les rênes de la famille et pourvoira aux besoins de ses parents devenus vieux. La fille elle est destinée à profiter uniquement à sa belle-famille, à qui il faudra en outre régler une dot généreuse. Un proverbe indien dit : « Avoir une fille c’est arroser le jardin du voisin ». D’après cet autre article du Times (mais qui sait ce qu’il affichera quand vous cliquerez sur ce lien ?), le sex ratio indien est maintenant de 927 femmes pour 1000 hommes (en 2001), contre 945 pour 1000 dix ans plus tôt. On pourrait penser que devenues des denrées rares, les femmes allaient être traitées comme des princesses, mais d’après un reportage que j’ai vu l’autre jour, elles sont en réalité vendues pour trois fois rien à des époux qu’elles n’ont jamais vus situés à des centaines de kilomètres de chez elles, et parfois même enlevées et revendues à un autre trois mois plus tard. La belle-famille se voit demander des sommes exorbitantes pour l’arrivée de la jeune femme (la plus grande partie de l’argent allant dans la poche d’intermédiaires véreux) et la considère donc comme une véritable esclave (de base la considération moyenne de la femme indienne par sa belle-famille n’est pas très brillante, mais si en plus il a fallu payer pour l’avoir alors que théoriquement c’est elle qui aurait du venir chargée de cadeaux, je vous laisse faire le calcul). Adorable. Qui est contente d’habiter en France/Occident au XXIème siècle ?