Si vous traînez un peu sur la blogosphère bébé/enfant, vous n’avez pas pu échapper à une récente interview d’Aldo Naouri, pédiatre médiatique, dans Elle. Si elle n’est plus en ligne, vous en trouverez une retranscription ici, ainsi qu’une autre de ses bafouilles pour le Point (avec commentaires de la blogueuse). Son but principal semble être de redonner l’autorité aux parents, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, même si certaines de ses méthodes feraient passer Super Nanny pour une baba cool portée sur le hasch (genre supprimer le doudou ou la tétine à deux ans précis, sans préavis ni explication, ou introduire des horaires de repas militaires après 3 mois).
Ce qui me fait halluciner, ce n’est pas tant le contenu de ses propos, mais l’arrogance de ce genre de personnage, qui à la fois accuse les parents de se laisser mener en barque par leurs enfants et en même temps les infantilise en leurs posant des tas de normes et d’interdits sur les sujets les plus personnels. On en arrive au point où il vous dit combien de fois dire « je t’aime » à votre enfant. Vous imaginez demander à votre gynéco ou à votre médecin traitant combien de fois par jour dire « je t’aime » à votre tendre moitié ? Non, évidemment, c’est un équilibre que vous avez trouvé tout seuls comme des grands. Parce que dans la vie de tous les jours, qu’il s’agisse de votre boulot, de votre couple ou de vos prochaines vacances, vous savez vous débrouiller seul, sans que tout le monde vienne y mettre son grain de sable.
Mais dès qu’il s’agit d’éducation, tout le monde s’érige en expert et se mêle de donner des conseils à gogo, sans se soucier qu’ils soient contradictoires ou surtout fort mal à propos. Les pédiatres notamment, parés de l’autorité médicale, tendent (surtout pour certains cas médiatiques) à outrepasser leur rôle : il n’est certes pas évident de définir la limite entre éducation, santé et bien-être, mais vous dire que votre enfant ne devrait plus prendre la tétine là maintenant tout de suite, devrait prendre 30 ml de lait de plus ou de moins, ou devrait le prendre à 16h et pas à 16h15, no comment. Et par-dessus le marché, on accuse les parents de démissionner devant leurs enfants et de ne plus avoir d’autorité. Croit-on vraiment qu’un parent sera plus respecté par son gosse s’il fait « comme on lui a dit » (même s’il ne voit pas très bien pourquoi ou comment) ? Les enfants ne sont pas stupides, loin de là, et sont très forts pour vous mettre devant vos propres contradictions.
Evidemment, c’est au pédiatre de vous transmettre les dernières connaissances scientifiques (comme « coucher un enfant sur le dos diminue les risques de mort subite du nourrisson », ou « donner du beurre de cacahuète à un enfant de 4 mois risque de le rendre allergique et/ou obèse »), et ces conseils sont souvent utiles et salutaires. C’est vrai qu’on se retrouve souvent parfois en panique devant ce truc bizarre qu’est le bébé, dont on a mystérieusement oublié de nous communiquer le mode d’emploi. On est alors prêt à croire la première personne qui a l’air de détenir LA solution miracle. Autant vous le dire tout de suite : c’est comme la recette magique pour maigrir sans régime et sans sport, ça n’existe pas. Et au final, c’est à vous de faire le tri dans tous ces conseils et ces idées, car c’est vous qui savez ce qui est le plus important pour vous et pour votre enfant, ce qui va marcher pour votre famille. Pour les trucs vraiment graves (genre « ne pas balancer son enfant par la fenêtre »), il y a la loi et les services sociaux.
Alors s’il vous plaît, mesdames et messieurs les donneurs de leçon, arrêtez de nous prendre pour des buses, merci, on sait très bien comment élever nos enfants, mais on finirait presque par l’oublier à force de se faire répéter à longueur de journée qu’on est incompétents.
Tags: Aldo Naouri, autorité, bébé, Education, enfant, expert, polémique
déjà qu’on fait de notre mieux, et quand c’est le 1er on ne sait vraiment paz pour où commencer, ce genre de personne vous fout le moral à zéro et vous conforte dans l’idée que vous ne faites rien de bien…. totallement le genre de truc à ne pas lire quand tu es une jeune maman… ou un jeune papa hein… mais souvent les mamans sont plus réceptives à ce genre d’attaques…. j’en ai été… maintenant plus!
Oui, heureusement on prend de l’assurance, sinon on s’en sortirait pas !
Si encore il n’y avait que les pédopsy, pédiatres et autres soit disant professionnel de l’enfance qui se posaient en donneurs de leçons, ça irait!
Mais c’est sans compter la maman, la belle-mère, l’arrière grand tante, ou encore pire la voisine, la boulangère, voire la mère de la copine de votre fille!
Qui c’est qu’à dit « Enlève la poutre que tu as dans ton oeil avant de loucher sur la paille dans celui du voisin! »?
Totalement d’accord 😉
je suis complètement d’accord d’ autant plus que quand c’ est notre premier on a carrément peur d’avoir tout faux avec tous ces trucs qui peuvent se lire ou écouter à la télé ou sur le net….
Exactement. Et après c’est un cercle vicieux : alors qu’à la base on s’en sortait pas trop mal, on finit par se remettre constamment en question (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi mais il y a des limites !) et par perdre toute autorité et toute crédibilité.
Dingue. Jeter les doudous ! Et puis quoi encore ? A la lire on a l’impression que l’enfant est un chien à dresser. J’ai pas fait un gosse pour me retenir de lui dire que je l’aime.
Au moins je vois qu’on est un certain nombre à ne pas se laisser embobiner ! Résistance !
Ras le bol de lire dans des bouquins ce que je dois faire avec mes gosses. On n’ose plus bouger le petit doigt sans avoir lu le livre de référence sur… les colères, la jalousie, le sommeil, etc.
(Certains livres sont SUPER, j’en ai d’ailleurs une bonne cinquantaine pour mon association).
Mais un peu de spontanéité et de bon sens ne font pas de mal à nos générations, qui vont voir un « psy » au moindre pet de travers.
Mon arrière-grand-mère aurait bien rigolé !!! (Elle a élevé 16 enfants en Bretagne, nés entre 1909 et 1935).
Salut,
je voudrais bien t’envoyer le post que m’a inspire ton article. Je ne souhaite pas le mettre en commentaire mais ne trouve pas ton mail. Que faire?
@Isabelle : pas mieux !
@Marie : tu peux m’écrire à lapoulepondeuse @ gmail.com (sans les espaces…)
Sans aucune intention de vous vexer, mais je me permets de vous dire que vous n’avez strictement rien compris à ce que voulait dire ce pédopsychiatre formé depuis quarante ans à la psychanalyse, en espérant que ce dernier mot ne soit pas le mot de « trop. »
Cordialement,
Ks
Auriez-vous alors la gentillesse de m’éclairer ? Par ailleurs si la mère lambda que je suis n’a rien compris, il est très probable que ce soit le cas de beaucoup d’autres (voir le nombre de réactions sur le net). C’est donc bien dommage que le public cible de ce monsieur ne le comprenne pas.
Vous éclairez, vous éclairez… D’accord, j’essayerai, mais + tard, pas maintenant. Promis.
Quant à toutes ces mères lambdas (je pense qu’il s’agit de vous également) qui ne l’ont pas compris non plus, et au vu du nombre de réactions sur le net, ce n’est pas très judicieux de votre part de faire appel aux chiffres.
On évoque toujours des chiffres (sondages, enquêtes, etc) pour affirmer, infirmer, donner raison ou contredire. Voyez notre Ministre du logement. Pour elle, il est tout à fait possible que les Twin Tower aient été détruites par les services secrets américains (dans le but de faire la guerre ?), compte tenu du « nombre » de personnes qui en doutent encore. C’est notre ministre qui parle comme ça. Pour cette femme, qui a brandit la bible à l’Assemblée, qui gère le Ministère du logement, violemment homophobe et contre l’avortement, pour elle, il est tout à fait concevable que les patrons de la Maison Blanche et du Pentagone, où travaillent des centaines de milliers de personnes aient pu fomentés la destruction des deux tours. Simplement parce que de plus en plus de gens en doutent. (Ses propos ont été recueillis dans l’émission chez Karl Zero.) Et c’est notre Ministre qui parle.
Quant à Naouri, je n’évoquerai pas la psychanalyse pour vous donner un autre exemple concernant « toutes ces femmes » (nombreuses j’imagine) qui ne comprennent pas où il voulait en venir avec ses affirmation.
Je vous le confirme, respectueusement: elles non plus, aussi nombreuses soient elles, n’ont pas compris cet éminent pédopsychiatre.
Vous dites :
« Si la mère lambda que je suis n’a rien compris, il est très probable que ce soit le cas de beaucoup d’autres (voir le nombre de réactions sur le net). »
Puisqu’il s’agit de chiffres, demandez à toutes ces femmes si elles comprennent le chinois. A votre avis ? Et pourtant, il y a bien un milliard trois cent millions d’habitant qui le parlent.
J’espère que j’aurais un moment (car je me demande déjà par quel bout m’y prendre) pour vous « expliquer » les propos de Naouri, et que vous n’êtes pas trop en colère contre moi.
Bien cordialement,
Karim S.
Je crois que là c’est vous qui ne m’avez pas bien comprise. Je ne dis pas que toutes les mères qui n’ont pas compris Naouri ont raison, et je suis tout à fait d’accord que ce n’est pas forcément la majorité qui a raison, au contraire. Je dis simplement que si nous sommes si nombreuses à ne l’avoir pas compris alors même que c’est à nous qu’il s’adresse, peut-être faudrait-il qu’il revoie sa façon de communiquer. De la même façon que si nous voulions parler aux Chinois il nous faudrait apprendre le Chinois, Aldo Naouri devrait alors s’assurer que son discours est compréhensible par les ménagères de moins de 50 ans avant de le communiquer.
Ceci étant, je n’ai rien contre la psychanalyse, bien au contraire, et ne savais même pas que Naouri était analyste. Donc si votre but est de voler au secours de la psychanalyse attaquée, vous vous trompez d’ennemi.
Finalement, je ne suis pas du tout en colère contre vous, mais plutôt intriguée et attends donc avec intérêt vos éclaircissements et explications.
Poulepondeuse, d’abord qqs précision. Naouri n’est pas psychanalyste, mais pédopsychiatre. Je veux dire par là qu’il ne travaille pas comme psychanalyste, mais comme pédiatre. Bien que pédopsychiatre, il est + tôt formé à la psychanalyse (et non à la psychiatrie), et ça ne date pas d’aujourd’hui.
Que faisait Dolto ? La même chose, mais en tant que psychanalyste : les enfants, les conseils aux parents. Naouri ne se considère pas comme analyste car il travaille comme pédiatre : il reçoit des parents avec leur enfants souvent en bas âge. J’espère que j’ai été clair !
Une autre précision : je ne vole pas au secours des analystes, mais alors du tout. Si vous jetez un œil sur mon blog, vous y verrez que, loin de les défendre, je dénonce plutôt leurs dérapages. Je vous invite à lire celui du 20 mars dernier sur Michel Dubec, un psychiatre/psychanalyste qui ne va pas très bien, et je ne suis pas le seul à le dire. Un autre article daté justement d’aujourd’hui dans lequel je dénonce les diagnostics hâtifs et contradictoires de qqs psys. Vous y verrez que plutôt que critiquer la psychanalyse, c’est certains psychanalystes que j’accuse (presque) de charlatanisme.
Vous avez raison : toutes les mères du monde ne sont pas lacaniennes. Je pense que Naouri le sait. Vous avez raison car quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, et c’est là où je voulais en venir, où nos points de vue convergent, c’est qu’il blessera ou étonnera toujours des gens (des femmes surtout, puisqu’il s’agît d’enfants). Car le langage psy n’est pas facile à transmettre. Naouri fait comme il peut. Il donne des clés, dit ce qu’il faut faire ou ne pas faire avec les enfants, il fait du mieux qu’il peut. J’ai souri en vous lisant, à savoir qu’Aldo Naouri devrait adapter ses discours pour qu’ils soient compréhensibles par les ménagères de 50 ans. Mais vous avez raison ! La chose étant impossible, il fait au mieux : autrement.
N’oubliez pas une chose, ce qu’il dit durant une interview de qqs lignes (souvent tronquées par les rédactions), il l’explique mieux dans ses livres. C’est vrai que ce qu’il annonce ou conseille durant les interviews, peut interpeller. Ça, je peux le comprendre.
Je dois emmener mon fils au bois de Vincennes avec ballon et vélo.
Je vous souhaite un bon W-end.
Karim S.
http://karimsarroub.blogs.nouvelobs.com/
Je n’a
J’oubliais: je n’ai pas eu le temps de consulter encore votre site. Je vois qu’il ne traite que de « ça. »
Il devrait m’intéresser car ma compagne est enceinte de sept semaines ! Je le ferai ce soir en rentrant.
Karim, merci pour ces précisions. J’ai vu cet article sur votre site et il fait froid dans le dos.
Je suis certaine que Naouri doit aider beaucoup de familles dans sa pratique professionnelle, et il est certain que nous avons besoin de pédopsychiatres. Néanmoins je reste convaincue que d’une part il me semble aberrant de vouloir édicter ainsi des normes rigoureuses alors que tout le monde sait qu’il n’y a pas deux enfants, pas deux familles identiques. Et d’autre part que tous ces « conseils » (qui ressemblent plus à des directives à suivre sous peine d’être taxé de mauvais parents) tendent à infantiliser les parents, et qu’il vaudrait mieux les aider à bâtir seuls les références qui conviennent à leur(s) enfant(s).
Sinon je vous félicite pour cette heureuse nouvelle et espère vous recroiser bientôt dans les environs.
@Joyeuse Pagaille, ah ! la boulangère ! elle commence à me courir sur le haricot avec ses lieux communs !
5 ans plus tard je lis ce post et les commentaires qui en ont découlés… J’ai lu Naouri ‘éduquer ses enfants, l’urgence d’aujourd’hui’ en janvier 2011, ma fille avait alors 18mois… J’en ai été culpabilisée, certes (et c’est mon mari qui m’a aidée à relativiser quand je voyais tout en noir!) mais j’ai quand même le souvenir assez vivace de plein de points qui m’ont énormément intéressée à l’époque… Et principalement sur la souffrance de notre génération (j’ai 32 ans) devant la manque de limites que notre société de consommation dans les années florissantes 80-90 a pu nous inculquer. Et ce malgré des parents qui expliquaient fréquemment et croyaient profondément que la frustration est essentielle dans la vie pour connaître le désir et que l’on n’a que plus de plaisir à vivre si l’on n’est pas comblé en permanence…
Du coup en alliant la douceur et l’écoute de Dolto à la fermeté encadrante et limitante de Naouri, on a trouvé un juste milieu plutôt agréable…
Enfin bref, à la maison pour grandette et petitou c’est communication, discussion, pas de punition, encore moins de châtiments corporels… Parfois une menace m’échappe, quand les nerfs l’emportent, mais bon on est humain avant tout 😉